Je serais la main de mon amoureux et l'embrassais en rentrant dans cette classe. Nous prenions place l'un à côté de l'autre et je rapprochais nos table afin de pouvoir garder ma main dans la sienne. Je posais mon regard sur son visage et l'embrassais. C'est alors que la prof entra. Elle remarqua directement le rapprochement de nos tables :

"Remettez les à leur place s'il vous plais. Ce n'est pas un salon de rencontre ici."

Je pouffais de rire et lâchais la main de Mickaël et me tournais vers la jeune femme. J'allais me lever mais le jeune homme que j'aime par dessus tout me prend la main et me fait non de la tête. Je lui souris et éloigne ma table de la sienne.

Le cours d'histoire est vraiment naze. Elle ne sais même pas ce qu'elle raconte. Elle fait confiance à un livre erroné ou du moins pas totalement juste. Elle tente de nous expliquer pourquoi les Aztèques avaient besoin de tant de sacrifice. Je retiens un nouveau rire quand elle dit qu'ils le font pour le dieu Quetzalcóatl. En fait ils font ça pour moi. Lucas au premier rang se retourne vers moi et me sourit. Je fais un signe de tête et met ma main devant ma bouche pour étouffer ma crise de rire.

La prof entend néanmoins un léger rire :

"Monsieur Anderson peut peut-être nous expliquer en quoi le sacrifice est quelque chose de symbolique vu qu'il rigole et n'écoute pas."

Je me lève et va me mettre à sa place. Je me retrouve nez à nez avec Lucas et James qui semblent eux aussi retenir un rire. Je prends une profonde inspiration et commence alors à raconter d'une voix lugubre :

"Imaginez vous un instant revenu à cet âge. Votre seule et unique arme est une pseudo magie et des ustensiles en bois et en pierre. Vous êtes bien malgré vous plongé dans la terreur d'une créature qui ne peut pas mourir et qui est bien plus forte que vous."

Je reprend mon souffle et profite de l'ambiance que j'ai créé :

"Vous savez qu'une fois par lune elle va venir chercher son dû. Donc quatre fois par mois, vous allez perdre un être cher afin de pouvoir vous protéger une semaine. Une petite semaine seulement. Mais vous savez aussi que si elle n'est pas là tous les soirs c'est parce qu'elle ponctionne chez les autres tribus."

Je sens un malaise dans la salle. Je commence à me déplacer. Ma voix se fait comme un murmure sombre qui se propage dans toute la salle :

"Vous le savez parce que quand vous partez en guerre pour trouver vos futurs sacrifices, les prisonniers vous parlent. Vous savez que ce mal et vieux. Que rien ne peut le détruire. Certains vous parlent d'une créature à apparence humaine, parfois vieille, parfois jeune, d'autres vous disent avoir vu une créature gigantesque tomber du ciel."

Certains frissonnent :

"Vous ne savez pas qui croire. Mais vous savez aussi que là-dedans, quelque soit la version, il y a du vrai. Vous savez que ça existe. Vous savez même que ça peut s'en prendre aux vivants. Vous ne calculez plus le nombre de fois où une tribu a été rasée en une nuit."

Je remarque le malaise. C'est comme un brouillard qui recouvrirait toute la salle de classe. Même la prof est cloîtrée sur sa chaise :

"Vous savez que ces horribles sacrifices sont cependant le seul moyen de calmer cette être fabuleusement puissant et immortel. Vous savez donc que le sacrifice, que ce soit d'un prisonnier ou d'un être cher, va vous protéger pour six nuits. Vous savez aussi que l'âme de ce défunt va errer dans un monde dont vous ne connaissez absolument rien. Voilà la porté du symbole. Offrir une existence à une bête d'une puissance inouïe tout en décimant ceux et celles que vous aimez."

Je retourne à ma place dans le plus grand silence. J'embrasse Mickaël qui me prends la main. Je rapproche nos table un peu histoire que l'ont puisse avoir nos mains l'une dans l'autre. La prof se lève et tente de recommencer tant bien que mal son cours. La cloche sonne. Je me précipite dehors et plaque Mickaël contre un mur et l'embrasse. C'est alors que quelqu'un s'arrête prêt de nous. Je pose mon regard sur cet arrivant.